Au fil des années, les travailleurs sociaux européens ont développé des projets et des services communs, qui ont permis d’augmenter le périmètre des ressources dont ils avaient besoin et d’améliorer les solutions qu’ils pouvaient offrir aux personnes dans le besoin. Aujourd’hui, face à la crise sociale croissante en Europe, nous savons que travailler au-delà des frontières est le meilleur moyen de réduire la pauvreté et la discrimination en Europe. Les problèmes sociaux ne connaissent pas de frontières – par conséquent, les solutions ne devraient pas non plus avoir de frontières. La coopération transfrontalière et la compréhension des environnements multiculturels sont indispensables dans le travail social.
Aujourd’hui, le travail social est une profession internationale. Bon nombre des structures et processus de l’UE ont un impact au niveau communautaire. Les politiques sociales mises en œuvre dans une communauté ont un impact sur les autres communautés et régions. Conscient de cette situation complexe et en évolution rapide, IFSW Europe assume une responsabilité majeure en facilitant le processus d’échange de connaissances et de bonnes pratiques. Nous nous sommes engagés à transmettre cette expérience d’apprentissage à nos jeunes collègues et aux étudiants en travail social.
Il est de notre responsabilité de préparer notre jeune génération de travailleurs sociaux à avoir une vision claire, une stratégie réaliste visant à leur permettre de transformer le socle social de l’UE en une réalité pour les citoyens et que les professionnels du travail social promeuvent des réformes et des mesures politiques au niveau national. Il est à présent vital que l’IFSW Europe s’assure qu’elle est prête à s’engager maintenant et à devenir notre fer de lance du changement.
C’est pourquoi nous avons encouragé les étudiants en travail social à participer à la Conférence européenne de l’IFSW. En 1999, la première journée des étudiants a été organisée avec succès dans le cadre de la conférence européenne de l’IFWS à Helsinki. L’idée a été poursuivie en 2001 à Vienne / Bratislava et en 2003 à Copenhague. En raison de l’absence d’un établissement d’enseignement pertinent à cette époque (université), la conférence de Chypre de 2005 n’a pas offert de programme spécial pour les étudiants.
Cette année, nous avons réactivé l’idée d’une journée spéciale pour les étudiants. Avec le soutien de l’OBDS et de Doris Stephan (conférencière, FH Campus Wien), nous avons organisé une journée des étudiants lors de la conférence européenne de l’IFSW organisée à Vienne. Les étudiants autrichiens, européens et étrangers avaient la possibilité d’assister uniquement à la « Journée des étudiants » ou de s’inscrire à la conférence principale et de choisir la « Journée des étudiants » comme l’un des ateliers séparés.
Nous avons organisé la Journée des étudiants en gardant à l’esprit :
- L’importance du partage transfrontalier des connaissances et des ressources.
J’ai participé à la journée des étudiants avec une équipe de travailleurs sociaux qui ont apporté leurs véritables histoires de pratique professionnelle. Nous avons encouragé les étudiants à expérimenter les avantages de la combinaison d’une instruction en classe et d’activités sur le terrain dans des contextes internationaux. Nous avons tous partagé nos expériences en matière d’initiation et de mise en œuvre de projets transfrontaliers et leur avons offert l’IFSW Europe comme plate-forme pour dépasser les limites de l’enseignement, de l’apprentissage et de l’expérience pratique de services sociaux.
- Investir dans les jeunes collègues et les étudiants en travail social, c’est investir dans le présent et dans l’avenir.
L’engagement actif des jeunes à devenir une voix de la profession de travailleur social est la clé du développement de services de travail social de qualité. L’investissement dans la jeune génération de travailleurs sociaux commence aujourd’hui. Les jeunes collègues et les étudiants en travail social doivent aujourd’hui s’intéresser à la manière dont nous façonnons la profession et les services du travail social. Ils doivent faire preuve de leadership et être entendus et visibles dans les discussions les plus importantes sur la manière dont nous soutenons les sociétés – pas seulement les groupes vulnérables et défavorisés. Notre rôle est de leur montrer toutes les opportunités et de les intégrer au travail de l’IFSW Europe.
En tant que présidente de l’IFSW Europe, j’ai été invitée à parler des défis pour le travail social en tant que profession des droits humains. J’ai raconté des histoires sur la façon de donner aux gens les moyens de mener une vie digne et de créer les conditions dans lesquelles ils peuvent développer leur estime de soi et leur sécurité personnelle et affective. Cela s’est révélé être un préalable indispensable à la réalisation d’une société inclusive et à un développement durable. Dans les pays riches et les pays pauvres, l’atteinte à la dignité humaine a un impact énorme. Cela concerne l’autonomie personnelle et compromet en outre la capacité des personnes à prendre des décisions autonomes concernant leur vie. La justice sociale et la dignité humaine sont des composantes essentielles du travail social. En tant que travailleurs sociaux, nous risquons d’échouer dans notre mission qui consiste à réduire les vulnérabilités et à renforcer la résilience si nous ne réussissons pas à aider les personnes à retrouver leur dignité.
J’ai amené avec moi de jeunes travailleurs sociaux (Adriana Sălcianu et Madălina Manea) qui ont parlé de leur propre expérience dans la modification des conditions de prestation des services sociaux de manière à mieux répondre à l’accès aux ressources et à leur utilisation pour le bien de la population. J’ai également amené avec moi des travailleurs sociaux ayant une grande expérience internationale en travail social (Rory Truell et Herbert Paulischin).
Nous avons tous partagé avec les étudiants notre expérience en matière de développement de la résilience et comment nous avons aidé des personnes à retrouver leur dignité. Nous avons également écouté les étudiants sur leur façon de voir et de comprendre le développement des services sociaux. Les étudiants nous ont présenté leur façon de recueillir des données probantes et de mettre sur pied un service de soutien approprié pour ceux qui sont sujets au risque de suicide sur le Web. Les étudiants (Christian Heiling, Verena Hrdlicka, Ruth Perfler et Joachim Schmid) de FH Campus Vienna nous ont expliqué comment concevoir des services de soutien tournés vers l’avenir et comment surmonter les obstacles traditionnels. Le plus grand défi consistera à intégrer et à utiliser les technologies issues de la manière dont les jeunes travailleurs sociaux l’incorporeront eux-mêmes dans le panel de services sociaux. De plus, les jeunes travailleurs sociaux doivent gérer cette transition de manière à ce que personne ne soit laissé pour compte et que les services sociaux deviennent accessibles dans leur « réalité virtuelle ». Ce qui m’a enchanté dans leur présentation, c’est que les étudiants en travail social ont jeté les bases de la recherche et des solutions aux problèmes fondés sur les valeurs professionnelles et les principes éthiques du travail social.
Les discussions ouvertes ont porté sur des sujets importants pour les étudiants et leurs questions.
La journée des étudiants s’est terminée par le spectacle de cabaret « HOMO ASOCIALIS », L’avenir du travail social, interprété par Stefan Trenker et Alois Huber. Il raconte l’histoire de deux travailleurs sociaux courageux qui voyagent en 2039 pour avoir un aperçu de l’avenir possible du travail social.
Enfin, nous invitons les étudiants en travail social d’Autriche et d’autres pays d’Europe à faire partie du projet européen de l’IFSW: Une Europe sociale est possible ! La jeune génération de travailleurs sociaux est le fer de lance du changement.
Merci à FH Campus Wien: Brigitta Zierer (chef de département), Doris Stephan (conférencière) et Stephanie Steyrer («Wir Zusammen», pionnières du changement) pour nous avoir accueilli et guidé tout au long de la journée. Et merci à Alois Pölzl (Président d’OBDS Austria) et à Herbert Paulischin (Chef du département international d’OBDS Austria) pour l’organisation de cet événement.
La traduction allemande de cet article sera publiée dans SIO, le magazine de l’Association autrichienne de service social en octobre 2019 (https://www.obds.at/sio-fachzeitschrift/).
Ana RADULESCU
Présidente d’IFSW Europe
Traduction de l’article : A social europe is possible! The young generation of social workers are the spearhead of change!, accessible en ligne sur https://www.ifsw.org/a-social-europe-is-possible-the-young-generation-of-social-workers-are-the-spearhead-of-change